L’Afrique et la Russie, alliés historiques dans un contexte particulier, ne cessent de faire parler. Entre soutien militaire, plausibles changements économiques et rencontres politiques, la relation fait parler en Occident.
sommet Russie/Afrique 2019 (source : Diplomatie: sommet Russie/Afrique: C’est l’inverse qui aurait dû se passer - Ouaga24)
Pourquoi sont-ils aussi étroitement liés ?
Une relation d’antan qui s’explique simplement par le rapport des deux parties à la colonisation. Effectivement, l’Afrique ne garde en souvenir de l’Occident que la colonisation, le méprit, la violence et les vols en tout genre. Alors lorsque la Russie, à ce moment-là encore l’URSS, s’est rendue en Afrique avec officiellement aucune intention de colonisation et sans violence. On remarque que lorsque l’URSS est venue en Afrique, c’était au commencement avec des intérêts stratégiques idéologiques. À l’époque, les dirigeants africains, encore profondément marqués par ces décennies de colonisations occidentales ne se sont pas sentis contraints mais bien traités d’égal à égal. L’Afrique y a immédiatement vu un allié potentiel et de taille.
Et inversement, la Russie a de nombreuses entreprises conséquentes liées à l'exploitation des matières premières en Afrique. L’Afrique reste un continent convoité par toutes les grandes puissances, la Russie n’y échappe pas, et pas seulement pour ses ressources. Mais également parce qu’elle leur permet de consolider leur position respective sur le continent et montre aisément qu’ils ont des alliés sur la scène internationale. Aujourd’hui, la Russie a, à de nombreuses reprises, exprimé sa volonté de réaliser une “nouvelle politique africaine”.
Comment leur alliance se traduit-elle ?
Pour l’Afrique, les relations bilatérales avec la Russie passent majoritairement par des soutiens militaires. Allant du renouvellement des armes à la formation des soldats par exemple. Des soldats africains sont formés en Russie et des soldats russes sont envoyés en Afrique là où des conflits peinent à se résorber.
Mais dernièrement, en réponse aux sanctions occidentales a réussi à convaincre certains de ses principaux partenaires commerciaux tels que l’Inde et la Chine de privilégier l’utilisation des monnaies nationales dans ses échanges avec l’Europe et les Etats-Unis. Dorénavant, la Russie cherche à en faire de même avec l’Afrique qui s’est avouée favorable à ce changement.
La Russie s’appuie énormément sur le passé colonial indéniable de l’Occident pour baser ses échanges avec le continent africain. Il n’a de cesse de blâmer l’Europe à chaque sommet entre l’Afrique et la Russie pour consolider leur position.
Une neutralité caduque ?
Un vent d'interrogations a bousculé l’Occident suite à la visite du ministre russe Sergueï Lavrov à Pretoria ce lundi 23 janvier. Officiellement, l’échange était simplement dans le but de renforcer l’amitié de la Russie avec l’Afrique du Sud, déjà “alliés” depuis plus de 30 ans. Mais cette visite n’est pas vue du même œil. Effectivement allant jusqu’à là qualifier “d’opération séduction”, c’est pour l’Europe un nouvel échelon qui a été gravit. En prime, les vidéos de propagandes russes en Afrique à charge de l’Occident et spécialement la France ne manquent pas. D’autant que depuis le début de la guerre, le continent africain s’est largement rangé dans le sillage de la poutine et refuse de reconnaître une “invasion” tout en refusant de prendre parti de manière concrète et n’est pas intervenu directement en Ukraine. "Nous sommes là pour dire à l'OTAN et aux Américains que nous ne sommes pas avec eux. Nous sommes avec la Russie et aujourd'hui, nous voulons remercier la Russie. Donnez leur une leçon, nous avons besoin d'un nouvel ordre mondial et nous sommes fatigués de recevoir des ordres des Américains" avait déclaré Julius Malema, leader de la gauche radicale sud-africaine. Cette prise de position n’est pas sans inquiéter l’Ukraine et ses alliés.
Astrid Jurmand
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